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Différence entre une servitude de passage et l’octroi d’un passage piéton.

L’autorisation de passage sur un terrain soulève souvent des questions juridiques complexes. Selon le contexte, elle peut relever d’une servitude de passage, inscrite dans le droit réel immobilier, ou d’un simple octroi de passage piéton, qui repose sur un contrat ou une tolérance. Ces deux notions, bien qu’apparentées dans leur finalité, diffèrent profondément dans leur nature juridique et leurs effets.


1. La servitude de passage : un droit pérenne et attaché au bien immobilier

La servitude de passage est un mécanisme juridique consacré par le Code civil. Elle se définit comme une charge imposée à un bien immobilier, appelé le fonds servant, au profit d’un autre bien immobilier, le fonds dominant. Ce droit est destiné à répondre à des besoins durables, tels que l’accès d’un terrain enclavé à une voie publique. La servitude crée ainsi un lien indissociable entre les deux propriétés, matérialisé par un droit de passage dont bénéficiera tout propriétaire successif du fonds dominant.

La servitude de passage revêt une importance particulière dans des situations où l’accès au terrain serait autrement compromis. Par exemple, dans le cadre d’un enclavement, la loi impose au propriétaire du fonds servant de tolérer un passage afin que le fonds dominant puisse être accessible (article 682 du Code civil). Ce droit n’est pas un simple privilège accordé au gré du propriétaire du fonds servant : il constitue une véritable charge attachée au bien immobilier, opposable à tous, même en cas de changement de propriétaire.

Pour assurer sa pérennité, la servitude de passage doit être établie par un acte juridique formel, généralement rédigé par un notaire, et inscrite au registre foncier. Cette formalisation garantit sa transmission automatique en cas de vente ou de succession des biens concernés. La durée d’une servitude est en principe perpétuelle, sauf clause contraire ou disparition de la nécessité qui la justifiait. Ainsi, la servitude s’inscrit dans une logique de stabilité juridique et d’organisation durable des relations de voisinage.

Cependant, la servitude de passage implique des obligations réciproques : si le propriétaire du fonds servant doit tolérer le passage, le propriétaire du fonds dominant ne peut en abuser. Par exemple, un passage destiné à un usage piéton ne peut être utilisé pour des véhicules lourds, sauf accord spécifique.


2. L’octroi d’un passage piéton : un simple accord contractuel

À l’opposé de la servitude de passage, l’octroi d’un passage piéton repose sur un régime bien plus souple, mais aussi moins sécurisé. Ici, le propriétaire du terrain accepte de laisser une ou plusieurs personnes traverser une portion de son bien, mais cette autorisation ne crée pas de droit réel. Il s’agit d’un droit personnel, qui découle d’un contrat ou, parfois, d’une simple tolérance. Contrairement à la servitude, cet octroi est lié aux parties et non aux biens eux-mêmes.

L’octroi d’un passage piéton est souvent utilisé pour répondre à des besoins ponctuels ou temporaires. Par exemple, un voisin peut demander à traverser une parcelle pour accéder à une zone en cours de travaux. Le propriétaire du terrain peut alors accorder cette autorisation, qui peut être verbale ou formalisée par écrit. Dans ce dernier cas, le contrat précise les modalités du passage (horaires, durée, limites d’usage, etc.) et peut inclure des restrictions.

Cependant, ce type de droit n’a pas la même solidité juridique qu’une servitude de passage. D’une part, l’octroi peut être limité dans le temps ou révoqué unilatéralement par le propriétaire, sauf stipulation contraire dans le contrat. D’autre part, il n’est pas opposable aux tiers. Si le propriétaire du terrain vend sa parcelle, le nouvel acquéreur n’est pas tenu de maintenir cette autorisation, sauf engagement explicite dans le contrat de vente.

Cette flexibilité peut être un avantage dans des situations où le passage n’est pas essentiel ou durable, mais elle expose aussi le bénéficiaire à des incertitudes. L’absence de formalisation ou la révocabilité de l’octroi peut engendrer des litiges, notamment si les parties ne s’accordent pas sur la durée ou les conditions du passage.


En somme, la différence fondamentale entre la servitude de passage et l’octroi d’un passage piéton repose sur leur nature juridique et leur finalité. La servitude s’inscrit dans une logique de pérennité et de sécurité juridique : elle est conçue pour répondre à des besoins durables et reste attachée aux biens immobiliers concernés. À l’inverse, l’octroi d’un passage piéton offre une solution temporaire ou circonstancielle, mais sans garantie à long terme pour le bénéficiaire.

Si vous avez des questions spécifiques sur un cas particulier ou souhaitez approfondir ce sujet, n’hésitez pas à nous contacter. Nous serons ravis de vous accompagner dans vos démarches juridiques.

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